On les appelle les "polluants éternels". Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont des composés chimiques synthétiques aujourd'hui omniprésents dans notre environnement. Conçus pour résister à la chaleur, à l'eau et aux taches, on les retrouve dans de nombreux objets du quotidien : poêles antiadhésives, emballages alimentaires, textiles, cosmiques... Malheureusement, leur principale caractéristique est aussi leur plus grande menace : ces substances ne se dégradent pas dans la nature. Pire, elles contaminent notre alimentation, et notamment notre eau potable.
1. Une contamination massive de l'eau en France
Selon une étude réalisée par l'UFC-Que Choisir et l'association Générations Futures, 29 des 30 échantillons d'eau analysés en France contiennent des PFAS. Cela représente 96 % des échantillons. Ces tests, réalisés dans des villes comme Paris, Bordeaux, Lyon, Amiens ou encore Rouen, montrent une présence systématique de plusieurs molécules chimiques – parfois jusqu'à 10 à 11 différents composés par échantillon.
Par exemple, à Tours, 10 PFAS différents ont été retrouvés. À Rouen, un échantillon contenait 11 PFAS. Paris affichait des niveaux de TFA (un dérivat de pesticide fluoré) atteignant jusqu'à 6 200 ng/L.
2. Des seuils réglementaires trompeurs ?
En France, la norme actuelle tolère une concentration allant jusqu'à 100 ng/L pour la somme de 20 PFAS. Aucun échantillon de l'étude ne dépasse ce seuil. Pourtant, en comparant avec les seuils américains (4 ng/L pour 2 PFAS) ou danois (2 ng/L pour 4 PFAS), la situation devient alarmante.
Avec la norme danoise, 50 % des échantillons présentent une concentration trop élevée. Bordeaux (9,5 ng/L), Lyon (7,1 ng/L), Rouen (22 ng/L) ou Amiens (5 ng/L) seraient jugées non conformes.
3. Une présence nationale : carte de France de la pollution aux PFAS
Les données de Santé publique France croisées avec les analyses de laboratoires démontrent une contamination généralisée. En 2024, sur plus de 1 500 réseaux d’eau analysés, 1,2 % dépassaient la limite maximale de 0,1 µg/L. Un réseau dans les Ardennes a même enregistré un taux record de 2,729 µg/L, soit 27 fois la limite !
4. Quels sont les risques pour la santé ?
Les PFAS sont suspectés de provoquer :
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certains types de cancers (reins, testicules),
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des perturbations endocriniennes,
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une baisse de la fertilité,
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un affaiblissement du système immunitaire,
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un retard de développement du fœtus,
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un taux de cholestérol élevé,
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une diminution de la réponse immunitaire aux vaccins.
Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables.
5. Comment se protéger ?
Face à cette contamination invisible, la meilleure solution individuelle aujourd'hui est de filtrer son eau du robinet à domicile. Certains filtres domestiques à base de charbon actif ou de résines spécialisées peuvent retenir jusqu'à 90 à 99 % de certains PFAS.
Il est important de :
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vérifier la compatibilité des filtres avec la norme NSF P473 (pour PFOA et PFOS),
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préférer les filtres sur robinet ou systèmes à osmose inverse pour une efficacité optimale,
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changer les cartouches selon les fréquences recommandées.
Conclusion
Les PFAS posent un véritable problème de santé publique. Invisibles, inodores, indétectables à l’œil nu, ils sont pourtant bien réels et persistent des décennies dans l’environnement. L’information et la prévention doivent être des priorités.
« Il est urgent d'agir contre la pollution des "polluants éternels" que l'on trouve dans l'eau. » – UFC-Que Choisir
Sources :
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Santé Publique France - Surveillance de la qualité de l'eau potable
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Reporterre - PFAS : les "polluants éternels" dans l'eau potable
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Selectra - Eau potable et PFAS : les chiffres région par région